J'ai la Haine contre ceux qui...

Publié le par Etenna

Pourquoi choisit-on d'aller travailler dans le public ?

Quels sont les avantages mis en exergue et qui sont par ailleurs pointés du doigt par les “malheureux” salariés du privé ? La sécurité de l'emploi bien entendu, elle est toujours mise en première position, je suppose, surtout quand aujourd'hui on détricote le droit du travail et qu'il y a de moins en moins de CDI et de plus en plus de précarité. 

Eh bien quant à moi, je dois faire partie de ces rares fonctionnaires qui se sont retrouvés sans poste (en existent-ils d'ailleurs ?), et ce, durant 8 mois non rémunérés..., longtemps après avoir passé et réussi le concours d'attaché et avoir été titularisée. D'aucuns vont se demander comment cela a été possible. Si si, j'ai été virée, sans aucun salaire pendant 8 mois alors que j'étais fonctionnaire titulaire. Mais je raconterais tout ça plus loin, je veux d'abord décrire la souffrance qui a été la mienne avant ce moment mémorable dans ma vie de fonctionnaire. 

De même, des années avant, après chaque retour de congé de maternité (heureusement pour moi, je n'avais pas dans mes projets d'être une mère de famille nombreuse), je me suis retrouvée au placard, la personne recrutée pour faire mon intérim pendant mon absence, ayant la chance de conserver mon poste même après mon retour de congé, avec la connivence de mon responsable hiérarchique, quand il n'était pas lui-même à l'origine de la décision. J'ai bien entendu à chaque fois pris la fuite (la mutation pour un cadre de catégorie A était à cet âge relativement aisée). Partir était pour moi la seule solution, car ne rien faire pendant des heures, voir mon cerveau se ramollir de jour en jour m'aurait conduite plus que certainement au bore-out. Je considère cette privation de travail, cette absence de contacts avec les collègues, comme la chose la plus moche, la plus effrayante qui soit dans le monde professionnel. 

J'ai porté mon affaire devant les tribunaux. J'ai bien essayé d'entraîner avec moi certains collègues en leur faisant comprendre que ce que je vivais, ils risquaient de le vivre aussi un jour. Je voulais un minimum de solidarité, voire quelque soutien (des témoignages m'auraient bien aidée) mais souvent, à la place d'une écoute compréhensive ils m'opposaient une expression froide et dissuasive : "tu sais, plus tu remues la boue, plus ça pue", ou "ma pauvre tu t'attaques à beaucoup plus fort que toi" ; "c'est le pot de terre contre le pot de fer, tu n'as aucune chance"... Et pas un seul collègue ne m'a accompagnée dans ma descente aux enfers... On est toujours seul au monde

Quand je pense à toutes les mains que j'ai tendues, à des gens que j'ai aidés et, qui dans les moments difficiles m'ont ignorée, dans le meilleur des cas, ou pire m'ont poignardée, trahie. Du coup désormais je n'aide plus personne : “Ne fais pas de bien, il ne t'arrivera pas de mal” est ma nouvelle devise... et même si parfois j'ai encore une petite corde sensible qui se met à jouer dans mon for intérieur, je m'oblige à ne pas pas avoir de l'empathie pour la personne en difficulté, je ne corrige plus les fautes de langage, je ne me mêle plus de ce qui ne me regarde pas, et je dis souvent “chacun sa merde”. Je sais c'est carrément naze mais c'est mon self-défense... 

Cependant, j'ai quand même du mal à vivre avec cette haine que j’ai en moi, c'est quelque chose d'insupportable, qui vous emporte comme un tsunami. Quand je pense à tout le mal que certaines personnes m'ont fait pour rien, j'en crève... Et pourtant on finit pas s'habituer, s'adapter. Mon médecin m'a même un jour affirmé que la capacité de résilience était telle chez l'être humain en général et chez moi surement aussi qu'il ne se faisait pas trop de souci pour moi. Il trouvait même inutile que j'aille chez un psychiatre. Dans un registre plus sombre, il a même ajouté que si nous n'avions pas cette capacité à tout supporter, les camps de concentration n'auraient pas existé... 

A bon entendeur....

Publié dans Mon Histoire

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