L'étrange Noël d'Etenna...

Publié le par Etenna

Décembre 2013.

J'ai passé des vacances de Noël pourries. Ni les illuminations dans les rues, ni les jouets dans les magasins, ni les cadeaux achetés pour gâter mes proches n'ont réussi à me faire oublier que l'ambiance au boulot était pourrie et que mon emploi était menacé. Je ne pouvais m'empêcher d'appréhender le retour auprès de mon directeur et de mes collègues. 

6 Janvier 2014.

Et j'avais raison de redouter ce retour : dès mon arrivée, je croise un collègue qui me fait la bise traditionnelle de bonne et heureuse année. En nous retournant, nous nous retrouvons nez à nez avec notre directeur. Il a l'air super énervé, il salue à peine mon collègue, et m'aboie : “Toi, je ne t'autorise pas à monter au bureau, tu as refusé d'accepter ton transfert et tu es bien placée pour savoir qu'avec les problèmes de sécurité et d'assurance !...” Merde. C'est pire que tous les scénarios que je m'étais fabriqués. Je décide d'appeler mon avocat : il n'est pas question que je parte sans m'être au préalable assurée qu'en retournant chez moi je ne serais pas accusée d'abandon de poste. 

Après plusieurs tentatives, mon avocat décroche enfin ; il est catégorique : “il n'a pas le droit de vous interdire l'accès à votre bureau, donc s'il ne vous autorise pas, je le fous au pénal de suite !” Ayant pris mon courage à 2 mains, je monte et je me rends directement dans le bureau de mon directeur où je m’excuse presque d’exister : 

« Désolée, mais je ne peux pas partir comme ça. Mon avocat me le confirme ! » Et là, alors que je me suis gelée dehors pendant une heure, il m’apprend que, oui, il était déjà au courant depuis un quart d’heure, car les Ressources Humaines qu’il vient de solliciter, lui ont confirmé qu’il ne pouvait pas m’interdire l’accès à mon bureau : « il semblerait que je doive te laisser entrer » m’assène-t-il… 

Eh bien, cache ta joie ! 

Non seulement personne n’est venu me chercher pour m’en informer mais en plus cela n’a pas l’air de les réjouir de me revoir, vu leur tête de 6 pieds de long (sympas les collègues). A peine ai-je eu le temps de m’installer, qu’il débarque dans mon bureau en me jetant à la figure le courrier que mon avocat leur avait envoyé pendant les vacances de Noël : « C’est quoi ces conneries ? Tu parles de placard ? Et pourquoi pas de harcèlement tant que tu y es !! » Je rétorque que mon nouveau profil de poste et l’isolement dans lequel l’ensemble de l’équipe me tient depuis des mois se rapportent effectivement à une placardisation. Il feint l’étonnement : « Mais enfin, si tu n’étais pas d’accord avec les propositions faites, pourquoi tu n’as rien dit ? » 

Encore le jeu du chat et de la souris : je n’ai pas arrêté de dire mon désaccord avec les propositions de notre nouvelle structure : le poste proposé et les propositions financières sont faites dans une intention évidente de me nuire et de me rabaisser. Et là, nouveau coup de massue : « tu vois bien que j’ai raison de ne pas te faire confiance, tu parles beaucoup et tu racontes des conneries, pour preuve la lettre de ton avocat. Et puis à t’entêter comme tu le fais depuis des mois, tu vas tout perdre ! Me menacerait-il ? Mais franchement à cet instant je ne pensais que j'aurais pu perdre davantage ? Mais ça c’était avant, avant de savoir que cela peut toujours être pire. Mais bon ce sera dans un autre chapitre, chaque chose en son temps. 

Puis mon directeur passe le reste de la matinée à venir dans mon bureau pour me jeter à la figure des tas d'insanités. Et moi, qui n'ai jamais eu mal au dos, je sens une affreuse douleur me transpercer le bas du dos, au niveau du rein. J'ai pensé refaire à nouveau des coliques néphrétiques, la douleur étant tellement insupportable, et moralement j'étais tellement à bout, que j'ai appelé mon mari pour qu'il m'emmène chez le médecin. Je suis partie en disant à mes collègues qu'il était fort probable que je ne revienne pas l'après-midi : l'accueil du matin m'avait fortement éprouvée. Mon directeur enfonce le clou : “mais tout cela est de ta faute, tu es bien consciente que je n'avais pas le choix...”.  De retour de chez mon médecin – qui m'arrête quinze jours suite à un lumbago – , je le croise dans la rue. Je l'informe de mon arrêt de travail. Il persiste à me dire que je suis seule responsable et que lui n'avait fait que ce qu'il croyait juste. “Mais enfin tu es administratrice, tu dois pouvoir comprendre que je n'agissais que dans ton intérêt, en raison des problèmes de sécurité dus à ce vide juridique...” 

Mon mari allait lui rétorquer que ce n'était vraiment pas sympa de m'avoir laissée dans le froid, seule sur le trottoir le matin. Et mon chef lui coupe net la parole en lui disant du haut de son mètre soixante : “Vous, je ne m'adresse pas à vous !”. Là on ne frôlait plus le simple incident diplomatique. Mon mari, personne ne lui parle comme ça, surtout pas un nabot qui fait 25 cm de moins que lui, manquerait plus qu'il lui casse la figure et qu'on se retrouve au tribunal pour coups et blessures volontaires, donc je l'attrape par le bras et je l'éloigne rapidement de l'objet de sa colère. Deux arrêts maladie plus tard, je me retrouve devant une rupture de contrat... sans salaire et sans avenir. Pendant ces trois mois d'arrêt, mes sympathiques collègues n'ont pris aucune nouvelle de mon état de santé.

On est toujours seul au monde.

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