Faire de notre fragilité une force

Publié le par Etenna

" On ne peut pas être en même temps responsable et désespéré "

Charles De Montesquieu

Nombreux sont ceux qui m'ont demandé comment j'avais réussi à continuer à avancer, quand la vie s'était montrée aussi affreuse avec moi ? D'aucuns m'ont affirmé que j'avais été courageuse de ne pas complètement craquer et qu'eux n'auraient jamais réussi à accepter ce que j'ai accepté. Mais je n'ai rien accepté, je n'ai pas eu le choix, j'ai subi et j'ai fait de ces échecs des chemins vers le bonheur.

« Mes erreurs m'ont fait avancer, mes douleurs m'ont rendu plus forte. Je n'ai pas changé, je n'ai rien oublié. J'ai juste avancé. »

11 AOUT 2014 :

LE PREMIER JOUR DU RESTE DE MA VIE 

La fin de mon détachement m'a entraînée dans une succession de problèmes financiers, d'abord - la double résidence et les trajets domicile/famille – domicile/travail me coûtent un bras, non couverts par mon nouveau salaire, bien inférieur évidemment à celui que je touchais dans mon organisme de détachement.

 Et d'un point de vue personnel, je vous laisse imaginer quelle souffrance a pu être la mienne chaque fin de weed-end, quand je devais repartir pour la semaine au travail :

  • mal-être dans mon nouveau travail : j'ai atterri au service « marchés publics » où j'ai été nommée assistante juriste : essayer de comprendre les textes de loi et la jurisprudence française quand vous n'avez pas fait des études de droit et que vous n'avez pas minimum bac +5 en droit public ? Mes insuffisances étaient inacceptables pour ma chef, qui se comportait en véritable despote et qui me voyait comme une minable.
  • une vie sociale réduite à néant : non seulement je n'avais pas de relations amicales au travail mais en plus j'étais seule tous les soirs, loin de ma famille, je ne voyais plus mes amis car je passais mes week-ends à défaire les valises, à laver, à repasser, à refaire les valises... et le lundi était déjà de retour.
  • ​​​​​​​et quel ennui : le meublé, un garage aménagé, que j’avais loué était petit,  microscopique, impersonnel, froid et je devais monter sur une chaise pour voir... le parking par la fenêtre. Je me mettais au lit à peine rentrée du travail, c'est-à-dire en gros dès 18h00, et je laissais mon cerveau complètement disponible devant les émissions débiles de la télévision.

C'est la force de l'esprit qui fait avancer dans la vie, gagner du terrain, se battre contre l'injustice et lutter contre vents et marées.

Femmes qui courent avec les loups - Clarissa Pinkola Estés

J'avais idéalisé le monde et les Hommes et forcément je suis tombée de haut... Mais à chaque fois, je me suis relevée, et puis à chaque fois, j'ai retouché le fond. J'ai tenté de garder toujours la tête haute et les yeux vers les étoiles.... mais les autres n'ont pas voulu... Je me suis sûrement trompée, j'ai suivi un chemin qui n'était peut-être pas le bon... Et pourtant comme tout le monde, j'ai eu des ambitions, des rêves, des projets et soudain, la roue a tourné et je suis entrée dans une zone de turbulences, j'ai glissé, je suis tombée dans un trou. J'aurais pu y rester toujours mais ma famille m'a attrapée sous les bras et m'a hissée vers le haut. 

Donc après avoir été broyée par un rouleau compresseur, j'ai été voir des médecins, (des psy, psychiatres, psychologues, médecin du travail) et ce, bien que mon médecin traitant m'ait rassurée : « je vous connais, vous êtes quelqu’un d'équilibrée et ce n'est pas parce qu'on est seule contre tous que l'on a tort ». Mais, moi, j'avais besoin de comprendre... et surtout de tourner la page car même si la colère en moi, la rancœur disparaissaient par moment,  retirer ces cauchemars de ma tête prenait trop de temps.

Donc, ma famille,  les médecins, les petites phrases que je me répétais chaque matin pour m'aider à me lever, à mettre un pied devant l'autre... m'ont effectivement aidé à avancer dans la vie. « Tout ce qui ne tue pas, rend fort ». Mais surtout je me suis décidé à positiver et à faire de mes humiliations quotidiennes une force, un baroud d'honneur pour mes filles. Je voulais qu'elles sachent que même si les gens autour de nous peuvent parfois être des pourritures, on a le choix d'être heureux. « On ne peut pas être en même temps responsable et désespéré ».

Et ma responsabilité vis-à-vis de mes deux filles est immense. Je n'ai pas le droit de craquer et pas seulement parce que je dois continuer d'avancer. Mais surtout parce que les parents sont un exemple pour leurs enfants et que je le leur dois.

Aujourd'hui, je suis contente de mon passé, je suis fière des choses que j'ai accomplies et j'apprécie chaque jour comme un cadeau, j'ai la chance d'être arrivée là où je suis et je transforme tous les points négatifs en belles choses. J'ai une famille formidable, des amis qui me sont chers et j'essaie d'être pour mes proches la meilleure personne que je suis.

Mes filles sont pleines de vie, belles et intelligentes et chaque matin, je me dis que c'est un immense privilège de les voir grandir et s'épanouir. Cela a été pour moi le plus beau spectacle qu'il m'ait été donné de voir, cela m'a donné une force merveilleuse. Et aucun « moche et méchant » ne pourra jamais rien contre cela.

Lorsque je me retourne sur ma vie, je vois la douleur, les erreurs et les coups au cœur. Lorsque je regarde dans le miroir, je vois la force, les apprentissages et la fierté.

 

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